Les anthropologues et les sociologues sont
friands de tout ce qui concerne leur société et d'autres plus exotiques, toutes
les manifestations culturelles des hommes et les émissions télévisées ne font
pas exception. Je regarde souvent la télévision qui renvoie des images de notre
société dans différents domaines de la réalité. Mes goûts musicaux sont très
divers, pouvant aller de la musique lyrique vers le hard rock et le punk, en
passant par le blues, gospel, la country, le reggae, la musique Batak et bien
d’autres encore : en fait, je n’ai aucun goût, je les ai tous, en fonction
de mes humeurs, des lieux, des situations vécues et des gens avec qui je suis,
le feulement des fauves et le chant des baleines m’émeut aussi bien que le rire
du Kookabarra !
J’ai suivi l’émission The Voice sur
TF1, un show populaire aux heures de grande écoute. J’ai entendu de
« jolies voix sympas et agréables » mais, seul un chanteur a vraiment
bouleversé les spectateurs : il s’agit de Luc
Arbogast.
Ce grand gaillard à l'allure médiévale a touché
les coeurs du jury et du public dès sa première apparition sur le plateau de
The Voice avec une chanson Cancion
Sefaradi que personne n'attendait ou même ne connaissait. Lors de sa
deuxième venue, en duel et duo, c'est Mad World
" de Tears for Fears qu'interprétaient Thomas Vaccari et Luc Arbogast.
Hier soir, pour sa dernière prestation dans l'émission, Luc Arbogast s'est
produit sur scène avec un grand titre du répertoire classique, « L'adagio» de
Albinoni. A chaque apparition le public a écouté religieusement cette voix
"étonnante", "envoutante", "la voix des anges",
"une voix de martien", "qui donne la chair de poule", etc.,
pour ne citer que quelques expressions relevées au cours de cette émission, par
les uns ou les autres, ou encore dans les commentaires sur You Tube à propos de
Luc.
Les réactions du public (et des coachs de TF1),
varié et populaire, à cette heure de grande écoute, m'ont interpellées. D’une
part, on peut constater que les gens même sans être mélomanes peuvent percevoir
et apprécier d’autres musiques que celles que les grandes chaînes de
télévisions veulent leur faire avaler mais également que le sacré est toujours
présent dans nos sociétés caractérisé par les termes fascinans et tremandum pour
reprendre Rudof Otto.
La qualité, l'extraordinaire et le sacré se sont manifestés par la voix de Luc
Arbogast, les spectateurs l’ont ressenti et reconnu immédiatement.
Si le sacré a reculé dans les sociétés modernes avec la mise à distance des
grandes religions, il n'a pas disparu pour autant*.
Il prend des formes multiples et va se glisser jusque dans les émissions (ici
The Voice) et les festivals les plus populaires, comme le festival de Cannes
qui voient les artistes déifiés monter les marches de l'Olympe sous les regards
et les hourras des badauds. Instinctivement, dès les premières notes de Luc
Arbogast, le public a reconnu la puissance et le mystère du sacré se
manifestant à travers ce contre-ténor. Immédiatement le chanteur plongeait son
auditoire dans les racines obscures et le mystère de leur passé médiéval, dans
le paradoxe d’un homme chantant sur des gammes étendues, des graves vers les
aigus, une voix de femme, ou devrais-je dire, sans sexe comme les anges,
un look de troubadour « baraqué » pour une « voix sacrée… une
sacrée voix » !
Merci à
toi Luc, tu as fait la démonstration que le peuple pouvait aimer autre chose
que la variété et la médiocrité même aux heures de « primes time ».
Merci Luc pour les émotions que tu as suscité en nous…
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