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Professeur des universités à l'Université Pierre Mendes-France, Grenoble II. Enseignant-Chercheur en Sociologie et Sciences Sociales diplômé de l'Université Lumière Lyon II. Diplômé (HDR) de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris. Une grande partie des études réalisées à l'Université de Provence d'Aix en Provence. Collaboration avec "Cabinet Chrysippe, R&D en sciences humaines et sociales (www.chrysippe.org)

dimanche 14 avril 2013

Luc Arbogast, un homme passe... The Voice sur TF1…


Les anthropologues et les sociologues sont friands de tout ce qui concerne leur société et d'autres plus exotiques, toutes les manifestations culturelles des hommes et les émissions télévisées ne font pas exception. Je regarde souvent la télévision qui renvoie des images de notre société dans différents domaines de la réalité. Mes goûts musicaux sont très divers, pouvant aller de la musique lyrique vers le hard rock et le punk, en passant par le blues, gospel, la country, le reggae, la musique Batak et bien d’autres encore : en fait, je n’ai aucun goût, je les ai tous, en fonction de mes humeurs, des lieux, des situations vécues et des gens avec qui je suis, le feulement des fauves et le chant des baleines m’émeut aussi bien que le rire du Kookabarra ! J’ai suivi l’émission The Voice sur TF1, un show populaire aux heures de grande écoute. J’ai entendu de « jolies voix sympas et agréables » mais, seul un chanteur a vraiment bouleversé les spectateurs : il s’agit de Luc Arbogast. 

Ce grand gaillard à l'allure médiévale a touché les coeurs du jury et du public dès sa première apparition sur le plateau de The Voice avec une chanson Cancion Sefaradi que personne n'attendait ou même ne connaissait. Lors de sa deuxième venue, en duel et duo, c'est Mad World " de Tears for Fears qu'interprétaient Thomas Vaccari et Luc Arbogast. Hier soir, pour sa dernière prestation dans l'émission, Luc Arbogast s'est produit sur scène avec un grand titre du répertoire classique, « L'adagio» de Albinoni. A chaque apparition le public a écouté religieusement cette voix "étonnante", "envoutante", "la voix des anges", "une voix de martien", "qui donne la chair de poule", etc., pour ne citer que quelques expressions relevées au cours de cette émission, par les uns ou les autres, ou encore dans les commentaires sur You Tube à propos de Luc.

Les réactions du public (et des coachs de TF1), varié et populaire, à cette heure de grande écoute, m'ont interpellées. D’une part, on peut constater que les gens même sans être mélomanes peuvent percevoir et apprécier d’autres musiques que celles que les grandes chaînes de télévisions veulent leur faire avaler mais également que le sacré est toujours présent dans nos sociétés caractérisé par les termes fascinans et tremandum pour reprendre Rudof Otto. La qualité, l'extraordinaire et le sacré se sont manifestés par la voix de Luc Arbogast, les spectateurs l’ont ressenti et reconnu immédiatement.

Si le sacré a reculé dans les sociétés modernes avec la mise à distance des grandes religions, il n'a pas disparu pour autant*. Il prend des formes multiples et va se glisser jusque dans les émissions (ici The Voice) et les festivals les plus populaires, comme le festival de Cannes qui voient les artistes déifiés monter les marches de l'Olympe sous les regards et les hourras des badauds. Instinctivement, dès les premières notes de Luc Arbogast, le public a reconnu la puissance et le mystère du sacré se manifestant à travers ce contre-ténor. Immédiatement le chanteur plongeait son auditoire dans les racines obscures et le mystère de leur passé médiéval, dans le paradoxe d’un homme chantant sur des gammes étendues, des graves vers les aigus, une  voix de femme, ou devrais-je dire, sans sexe comme les anges, un look de troubadour « baraqué » pour une « voix sacrée… une sacrée voix » !
Merci à toi Luc, tu as fait la démonstration que le peuple pouvait aimer autre chose que la variété et la médiocrité même aux heures de « primes time ». Merci Luc pour les émotions que tu as suscité en nous…

Bon vent Luc Arbogast, longue vie et salut l’Artiste ! 


*Serge Dufoulon., "L’ésotérisme à l’ombre des grandes religions", in Cerveau & Psycho n°21, Paris, mai, 2007




 



 

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