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Professeur des universités à l'Université Pierre Mendes-France, Grenoble II. Enseignant-Chercheur en Sociologie et Sciences Sociales diplômé de l'Université Lumière Lyon II. Diplômé (HDR) de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris. Une grande partie des études réalisées à l'Université de Provence d'Aix en Provence. Collaboration avec "Cabinet Chrysippe, R&D en sciences humaines et sociales (www.chrysippe.org)

dimanche 2 juin 2013

Marseille : violence des banlieues et larmes des mères !


Les habitants des quartiers nord de Marseille ont manifestés. On a pu les voir sur les chaînes de télévisions nationales et régionales, et les journaux ont également relaté cet évènement, avec pour certains, de plus ou moins bonnes analyses, mais pour une fois les quartiers étaient mis en lumière par autre chose qu'un crime de plus d'un jeune dealer, une demande d’espoir et de vie. 

Je ne voudrais pas être un oiseau de mauvais augure, mais cette belle union contre la violence et pour le secours des jeunes n'aura pas beaucoup d'effet, sauf à procurer aux journalistes quelques évènements à commenter ; aux chercheurs, économistes et sociologues de tous poils un objet de recherche et quelques crédits pour leur travaux afin de prononcer des certitudes et des poncifs à partir de quelques vérités enrobées dans un langage abscons, montrant l'étendue de leur savoir, et enfin aux politiques, quelque chose à dire et à promettre pour la prochaine campagne électorale. Quant aux mamans, je suis désolé de le dire, elles pleureront encore leurs fils et leurs filles perdues... Il est vrai qu'on parle peu de la délinquance des filles de quartier... et pourtant elle existe bel et bien. De nombreux organismes et d’observatoires (sur la drogue, la délinquance, les jeunes, etc.) existent et tentent de comprendre la délinquance dans les cités, chacun devenu propriétaire et commentateur de sa propre analyse et de ses arguments. On ne compte pas non plus les nombreuses associations qui travaillent sur les quartiers. Dans tous les cas, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes des citoyens qui en ont assez de payer pour les quartiers et n’imaginent que flics et militaires pour régler ces questions… quand d’autres se tournent de plus en plus vers les extrêmes politiques.

Si l'on veut des résultats dans les quartiers défavorisés en matière de réduction de la violence et de la criminalité, encore faudrait-il analyser les causes sans aucune complaisance, en sortant des idées reçues et y mettre les moyens en termes de réponses adaptées quant à l'éducation et la répression. Mais on ne me fera pas croire que ces jeunes délinquants et leurs famille ne sont que des victimes : les mamans continueront de pleurer leurs enfants longtemps encore...


Pour comprendre ce qui se passe dans les quartiers défavorisés, on ne peut prendre un seul axe d'analyse, soit : l'immigration et l'intégration, comme facteurs principaux, ou encore les thèses concernant les facteurs sociaux d'inégalités, l'éducation, etc. Il est vrai que les populations des banlieues sont composées en grande partie de familles d'origines étrangères mais beaucoup sont aussi français. On peut y ajouter les problèmes liés à la structure des familles dont une grande partie est monoparentales avec des mamans qui ne peuvent "tenir leurs enfants", des pères absents, et des revenus par foyer très faibles, si ce n'est inexistants. Une pincée également de manque d'éducation des parents, souvent même de la langue française ce qui crée encore un fossé avec leurs enfants. On pourrait ajouter de nombreux facteurs de délinquance encore, bien entendu, tels que actes de délinquance réalisés à l'intention de leur pairs afin de prouver par quelques rites de passages qu'il sont "des hommes", mixité de genre et sociale absente dans les banlieues, misère sexuelle, etc. Les réflexions et les travaux de qualité sont nombreux en la matière.

 D’abord, il faut dire que tous les jeunes de banlieues ne deviennent pas des délinquants et des criminels (de ceux là on parle peu !).

Contrairement aux idées reçues, les jeunes de banlieues sont bien intégrés ! Non je ne plaisante pas ! Ils mettent en œuvre des principes capitalistiques dans leurs trafics de toutes sortes (drogue, armes, pièces détachées, détournements de prestations sociales, etc.). Dans la plupart des trafics, les voyous achètent en gros et revendent au détail sauf qu'ils se positionnent sur des marchés illégaux ou parallèles. En matière de détournement de prestations sociales, ils mobilisent des trésors d'ingéniosité afin de toucher indument pensions et prestations  et tout cela sera réinvesti dans d'autres types d'activités, légales ou non. Ils ont le sens de la hiérarchie dans le travail, de la promotion et de la réussite sociale : ils sont d'abord guetteurs, puis petits revendeurs, puis gros dealers, etc. De véritables entrepreneurs nos jeunes, et ils savent même éliminer la concurrence, un peu violemment il est vrai, quand elle devient gênante.

Lorsque j'étais Maître Auxiliaire au LP La Floride dans les quartiers Nord de Marseille, mon principal me disait : "Vous savez, nos élèves ne sont pas du tout les imbéciles que la plupart des gens croient qu'ils sont, ils ont très bien compris le système et pour certains, ils gagnent mieux leur vie qu'un enseignant moyen !" Effectivement, lorsque je répondais en classe aux élèves qui me demandaient combien de temps j'avais consacré aux études et pour quel salaire (1600 euros), la plupart éclataient de rire et certains d'ajouter condescendants : " En une semaine on fait mieux que vous monsieur et sans avoir fait d'études." Et oui, là encore, le fait que les jeunes de banlieues deviennent des délinquants parce que le chômage augmente est à relativiser grandement : je n'ai pas vu beaucoup de jeunes entre 14 ans et 20 ans en banlieues avoir envie de travailler, je dis pas beaucoup, je ne dis pas tous mais il faut le dire...

Comment la République peut-elle reprendre la main en Banlieue pour les enfants à venir et pour ceux qui sont en voie de délinquance ?

Il est toujours temps de se bouger si les politiques et les habitants le souhaitent vraiment ?
- Peut-être réfléchir à la légalisation du cannabis, cela ferait cesser une grande partie du trafic en banlieues,
- Re-donner  de la confiance et des moyens aux éducateurs et aux associations sur les quartiers : Sarkozy a fait pas mal de dégâts en la matière,
- Avoir des classes de 10 élèves pas plus dans les écoles primaires, les collèges et les lycées qui reçoivent des enfants de banlieues ou dédoubler les enseignants dans les classes. 
- Mettre en place des programmes culturels (musées, opéras, théâtre, etc.) dans les écoles dès la prime enfance.
- Enseigner différemment en permettant à ces enfants de s'exprimer mais en canalisant leur énergie : ici les enseignants doivent être triés sur le volet pour leur compétences, leur connaissance d'autres méthodes qui pourraient aider (Freinet, Montessori, etc.), leur compréhension des situations. Ils doivent aussi pouvoir être rémunérés en conséquence, et soutenu par leur hiérarchie et ne pas passer leur temps à lutter contre les enfants, les familles, la hiérarchie et chercher les moyens de leurs actions.
- Ecole et famille doivent être en lien en permanence. Si un élève est estimé "décrochant" ou en "danger", sans perdre de temps il faut aller voir ce qui se passe dans les familles et au besoin y envoyer une assistante sociale pour tenter d'aider ces familles qui pourraient être fragilisées par les aléas de la vie : ici un accompagnement personnalisé doit être mis en place.
- Développer l'apprentissage dès les 14 ans pour les jeunes et les familles qui le souhaiteraient avec un suivi de l'éducation nationale.
- Police de proximité respectueuse mais non complaisante,
- Moyens donnés aux services publics (police, douanes, fisc, etc.) pour vérifier que les trains de vie des gens soient en adéquation avec leur revenus légaux.
- Délocaliser géographiquement les jeunes délinquants, y compris, vers les territoires d'Outre-Mer, l'Europe ou l'étranger, pour des travaux d'intérêt général avec un programme de formation suivi. 
- Eviter la diplômation de la prison en matière de banditisme pour le jeune qui y entre, avec interdiction de résidence ou de présence dans son quartier d'origine à la sortie après sa peine. 
- Formation réelle des jeunes en prison.
- Permettre aux habitants des cités de devenir propriétaires, afin de prendre soin de leurs immeubles et leur environnement, etc.
- Services publics présents et renforcés dans les banlieues avec des procédures administratives allégées pour : apprentissage, stages, emploi, prestations sociales, travailleurs sociaux, police, poste, etc.

Ce ne sont que quelques exemples non exhaustifs de ce qui pourrait être réalisé dans les banlieues, dans différentes directions et à la fois. Encore faut-il une vraie volonté politique et aussi que les parents aient réellement envie que leurs enfants réussissent légalement dans la vie... 

L’État, les partis politiques comme les parents sont très souvent complaisants et complices passifs de la mauvaise éducation et de l'assassinat de leurs enfants... Que de larmes encore pour ses familles... 









mercredi 15 mai 2013

Evasion fiscale, austérité ? Aux armes citoyens !


J’ai passé du temps à comprendre ce qu’étaient l’évasion fiscale et son poids sur la dette des pays, de l’Europe et de la France, et enfin sur la vie courante des citoyens, sur nos impôts, les jeunes les vieux, les mecs de droite ou de gauche, les homos et les hétéros, les catho et les athées, etc. Je dis bien, l’évasion fiscale, c’est à dire qu’il ne s’agit pas de toute la fraude fiscale.

« La Commission européenne estime que 1000 milliards d’euros échappent chaque année aux fiscs européens, soit 7% du PIB de l’UE. Cela correspond pour la France, à 140 milliards d’euros par an, deux fois le montant de l’actuel déficit public.  La lutte résolue pour éradiquer les paradis fiscaux, qu’a annoncé François Hollande, rendrait inutile la poursuite des politiques de restriction budgétaire : même en ne récupérant que la moitié des sommes en jeu, l’équilibre budgétaire serait rétabli sans sacrifier les retraites, les emplois publics ou les investissements écologiques d’avenir.»

Les fraudeurs détroussent les États qui en retour ne peuvent réaliser leur devoir de protection auprès de leurs populations.

Oui vous avez bien lu, l'évasion fiscale, je ne parle même pas de la fraude fiscale hors évasion vers les paradis fiscaux qui alourdit plus encore les trous dans les finances publics ! J'en vois qui sourient et qui se disent "ben tant mieux pour eux si certains échappent au fisc, à leur place on ferait ça aussi !" Sauf que les durs d'oreille et les gelés de la pensée n'ont pas fait le bon raisonnement : l'évasion fiscale et la fraude fiscale c'est toi le gars "normal" qui la paie, que l'on fait chier pour tout payer plus cher y compris ton pastis, ton pinard et tes clopes ! 

Opération simple : Evasion fiscale et fraude fiscale = Ce sont les coûts des services publics qui augmentent, c'est de l'argent en moins pour les foyers, les familles, pour l'éducation et la formation, les infrastructures, pour les PME... C'est l'alourdissement des impôts pour les classes moyennes... C'est plus d'insécurité pour les jeunes et les vieux... C'est le recul de l'âge du départ à la retraite... Vous z'avez envie de travailler toute votre vie vous ? Et vieillir en mauvais état sans système de santé de qualité, relégués dans des maisons de retraite pourries car vous n'aurez pas de fric pour payer tous les mois pour une bonne pension ?

Vous tous, moi, nous payons pour que quelques-uns s'enrichissent ! Ce ne sont pas des copains de droite ou de gauche ! Juste des marchands de vie et de mort qui nous volent, qui volent les patrimoines des nations et ce que nos aînés avaient réalisé pour nous (grande entreprises publiques et privées, etc.).  Ces magouilleurs affament nos enfants, participent du chômage et des fractures familiales et appauvrissent le Tiers-Monde ! Elle est là la réalité ! 

Et les montants de la fraude sont sous-estimés nous disent les experts, vous imaginez comme on se fait plumer ? 

Il ne s'agit plus de politique ou de prise de position, mais du vol et du viol de nos vies ! 

Certains proposent des plans pour lutter contre cette évasion et cette fraude c'est le cas d'Alain Godart. Les États se mobilisent mais lentement car parfois les intérêts des politiques et des voleurs sont communs comme dans le cas du pauvre Cahuzac ! Heureusement certains oeuvrent pour informer les citoyens du monde comme c'est le cas dans l'affaire des "Offshore leaks", obligeant les gouvernements à réagir dernièrement ou en tous cas faire semblant. Bien faible réaction au regard de la souffrance des gens dépouillés et des morts quand il faudrait réagir vite et fortement.

L'évasion fiscale c'est le sang des peuples ! 

Ohé les Hackers, à vos claviers ! 
Et si les États vous offraient ne serait-ce que 1% des sommes récupérées grâce à vos services ? 

Les noms des fraudeurs et les montants des sommes détournées, vite ça urge !

* Pour quelques pistes de réflexion et une vision économique de l'effet de la rente, des inégalités, etc. on peut lire parmi d'autres auteurs l'économiste Thomas Piketty., L'économie des inégalités, collection « Repères », La Découverte, 2004
https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Piketty

 




samedi 4 mai 2013

Jean-Marie Le Pen l'a dit Nabilla a de beaux seins !


Sur le Nouvel observateur, je lis un article d'une citoyenne engagée, comme elle aime à le signer Marion de M qui discute une remarque de Jean-Marie Le Pen à propos des seins de Nabilla. Le vieux frontiste aurait dit :

"Nabilla a de beaux seins. Elle ne m'est pas tout à fait indifférente"

Et bien moi ça me le rendrait presque sympathique le Jean-Marie, même si je ne fais pas partie de ses groupies politiquement. Aujourd'hui qu'un homme puisse aimer les femmes et le dire haut et clair, sans aucune vulgarité, cela devient de la "beaufitude" comme le dit Marion de M,  ou pire encore, une perversion innommable qui rendrait le complimenteur suspect.

Si on veut comprendre le rôle de chacun des protagonistes dans cette affaire : la journaliste, Nabilla et Jean-Marie Le Pen, il faut à mon avis comprendre d'abord la position sociologique et les objectifs de chacun des acteurs :

Nabilla est une jeune femme qui a envie de réussir, qui n'en a pas les moyens financiers et qui va mobiliser son corps et sa personne pour réussir. Ses seins sont à la fois son capital, son investissement de départ et son masque au service de sa réussite. Nabilla a parfaitement compris que si elle veut quitter sa zone et avoir une vie plus confortable, ce ne sont pas ses diplômes et ses origines qui vont l'aider. C'est triste à dire, mais Nabilla se cache derrière ses seins car la société la met en demeure de faire le show afin d'acquérir une visibilité médiatique qui lui permettra de réaliser ses ambitions comme Loana en d'autres temps. Et en plus, elle se fait humilier à propos de son langage, de son look, etc., même si par ailleurs les médias jouent sur les dimensions du mépris, du désir et du spectacle, et la belle le sait et en joue aussi car elle est prête à payer le prix pour exister !

En cela rien de très nouveau, le sociologue R.K. Merton avait déjà mis en évidence aux Etats-Unis que les acteurs réussissent à se faire une place au soleil et peut importe la façon d'y arriver !  La fin justifierait les moyens, c'est en cela aussi, soit dit en passant, un des lieux communs entre le fascisme et le Stalinisme.  Ici, comme le montre R.K. Merton,  les valeurs morales mises en avant par la société sont décalées par rapport  à la structure sociale et aux pratiques réelles des acteurs. 

Il y a Jean-Marie Le Pen : un mec de droite, ancien militaire et vieux, soit, 3 mauvaises raisons de lui reprocher d'aimer les femmes et de le dire ! Masculin et macho sous la plume de la journaliste Marion de M vont de soi. Un regard hypocrite et hâtif de  la journaliste qui aurait très bien pu jouer  en d'autres temps dans une comédie de Molière dans le rôle de l' hypocrite Tartuffe s'exclamant : "Couvrez ce sein que je ne saurais voir". Ben oui madame, les hommes (et les femmes aussi) aiment les seins, de toutes les tailles, de toutes les formes et lorsqu'une jeune femme comme Nabilla donne à voir ses seins, peut-être que la politesse ici n'est pas de les ignorer ou de les sur-signifier et de renvoyer la belle à son manque de culture bourgeoise et bigote, et de l'humilier. J'espère ne plus être de ce monde le jour où les hommes ne regarderont plus les femmes et n'apprécieront plus leurs formes ! 

Les castrations morales des "Femmes sans corps et sans seins" tel que Marion de M (sans nom) dans le rôle de la catéchèse à l'endroit des hommes m'angoissent : elles nous promettent un monde sans saveur et sans odeur et finiront par admettre que la burka est ce qui conviendrait le mieux à Nabilla et toutes ces femmes objets ! Sauf que là, l'approche intellectuelle est faussée dès le départ : le corps de Nabilla, des femmes, des jeunes femmes étudiantes, beurettes, etc., qui se prostituent ailleurs est leur SEUL capital, elles n'ont pas eu la chance d'être bien nées et personnes ne leur mettra le pied à l'étrier pour qu'elles participent de la promotion sociale, elles doivent payer ! C'est donnant-donnant !. 

On peut être triste, désirant ou fataliste genre "c'est la vie, ça a toujours été comme cela", face à ces femmes. On peut aussi avoir de la sympathie et de la tendresse en les voyant se démener pour réussir et on peut aussi être pris d'une vraie colère contre cette société inégalitaire et ceux, hommes et femmes de pouvoir, qui en perpétuent le modèle. Nabilla n'est que le syndrome des femmes au travail moins payées que les hommes à qualification égale, des femmes au foyer, des femmes plus nombreuses au chômage que les hommes, des femmes beaucoup plus seules que les hommes après 40 ans, des jeunes femmes de banlieues ostracisées, etc.

Vous vous trompez de cible Marion de M, pour une fois Jean-Marie, n'est pas coupable : ce n'est pas un beauf salace... et Nabilla est innocente !

J'ai oublié un acteur, non-humain, comme dirait le sociologue Bruno Latour  et non des moindres : les seins ! Les seins jouent un rôle certain dans l'imaginaire érotique, mais aussi en psychanalyse, depuis la naissance jusqu'à la mort, ne parle-t-on pas d'oralité ? Ils jouent un rôle dans l'art, la littérature, la peinture, la poésie et la chanson et en politique avec les Femen par exemple. Les signes de la féminité par excellence ce sont les seins, sinon pourquoi tant de femmes referaient leurs poitrines à la suite d'un cancer ou encore se sentiraient mal dans leur peau à cause d'une poitrine qu'elles n'aiment pas et prendraient le risque de la faire opérer, pensez au procès des prothèses mammaires à Marseille. Mais comme le disait aussi une amie :

" Les seins sont comme des hameçons, ça rend les hommes débiles parce qu'ils se jettent dessus comme des poissons".

Madame Marion de M, Nabilla se sert de son corps comme lieu d'inscription de la domination sociale, masculine parfois, mais surtout bourgeoise ! Et plutôt que de montrer le doigt qui montre la lune (Jean-Marie) vous auriez pu offrir une ode au courage de cette jeune femme qui tente de prendre d'assaut cette société discriminante pour y faire sa place, un compliment aussi à sa beauté toute plastique qui lui sert de passeport là ou d'autres font claquer leur origine et leur nom, leur pognon, leurs muscles, leur beauté fade et convenue d'artistes propres sur elles, etc. Au cas où vous ne comprendriez pas que vous êtes encore plus vulgaire que Le Pen par votre papier dans le Nouvel Obs, à propos des seins de Nabilla et du compliment du vieux fripon, je vous le dis vous êtes vulgaire, et c'est vous qui soulignez ces seins qu'elles auraient pu en d'autres temps, avec d'autres origines, ne jamais devoir montrer.

Enfin pour vous cultiver un peu et vous remettre en question, je vous renvoie à E. Goffman le grand sociologue qui comme Nabilla (qui semble plus intelligente que la plupart des journalistes qui la mettent en scène juste pour ses seins), avait compris que la société est une scène :

"Il s'ensuit que, lorsque des gens appartenant à des groupes sociaux différents entrent en rapports, il est très fréquent qu'au moins un des participants soit empêché de s'engager spontanément dans le sujet de la conversation par ce qui lui apparaît comme une conduite inconvenante de la part des autres. Ce sont de telles différences dans les coutumes d'expression qu'il conviendrait de considérer d'abord quand nous essayons de nous expliquer les incorrections de ceux avec qui il nous arrive de converser, plutôt que de chercher, au début du moins, à loger le blâme dans la personne même des offenseurs."

Nabilla tu es belle et tu me rends triste !








mardi 30 avril 2013

Attention danger ! Nos enfants sacrifiés par François Hollande !

 François Hollande vient de faire des annonces qui me semblent très pernicieuses : sans concertation avec les enseignants et les parents, voilà qu'il promet au patronat de former les élèves dès la 6ème de collège à l'entreprise. De renforcer les stages de connaissances des entreprises quand, d'une part, les entreprises sont saturées de stagiaires, depuis la seconde jusqu'aux masters, parfois de la main d’œuvre à bon marché et, d'autre part, l'entreprise n'est pas fondamentalement productrice des connaissances et des valeurs nécessaires à un enfant de collège.

Ah il est bon le Hollande ! Comme retour en arrière on ne fait pas mieux ! Pourquoi ne pas renvoyer les enfants à la mine dès le cours moyen en primaire, supprimer la scolarité obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans et ne pas également leur appliquer la "méthode képi blanc" d'apprentissage du Français comme dans la légion étrangère dont c'est l'anniversaire des 150 ans de la bataille de Camerone ? Ce matin j'ai même entendu un animateur radio se demander si on devait appliquer à la société civile "la méthode d'intégration de la légion étrangère" ! On marche vraiment sur la tête !

 Mais pire encore, quand le 1er des Français, le président Hollande, lui-même, déclare :

"Ce sont les entreprises qui créent la richesse, l'activité et donc l'emploi", a-t-il lancé en disant rappeler "une évidence" et vouloir "stimuler l'esprit d'entreprise". 

Là je craque !!! Comment un socialiste, de surcroit président de tous les Français, aurait-il si peu de culture et peut-il renier ses classiques d'économie et ses origines politiques, en eût-il quelques bases, pour affirmer une connerie pareille ! Faut-il lui rappeler que ce sont les hommes et le travail qui crée de la richesse ? Un tas de terre ou de minerai brut ne vaut rien, sauf à être rare (ici le marché ajoute à la valeur) mais c'est le travail investi dans les objets et les taches qui créent de la valeur.Même le plus classique des économistes, Adam Smith reconnaît que le travail fait la Richesse des Nations. Karl Marx s'inspirera de son travail pour comprendre et analyser le système de production capitaliste

Plus prêt de nous, certains sociologues, dont Pierre Bourdieu, montreront que le capital économique n'est pas le seul lieu de la domination entre les hommes et que ceux à qui leurs parents transmettent "un capital culturel et social" peuvent aussi s'élever dans la société et être en position de domination. Mêmes des économistes tels que Turgot avant la Révolution française savaient qu'une grande partie de la dette pouvait provenir de la rente des improductifs, problème qui n'a guère changé aujourd'hui dans les formes : propriétaires, rentiers de la finance, la liste est longue y compris avec nos élus dont les résultats politiques ne sont pas probants ou à la hauteur des attentes des Français : utiles ou inutiles nos élus, productifs ou improductifs ?  Si on pose la question en ces termes la réponse est aussi tranchée !

 "La France totalise plus d’un demi-million d’élus locaux, nationaux et européens, dont 577 députés à l’Assemblée nationale, 331 sénateurs et 78 députés européens. Beaucoup d’entre eux cumulent les mandats,revenus et avantages multiples liés à ces fonctions électives."


 Et oui, et on entend qu'un son de trompette politique dans cette droite ringarde et cette gauche dite "sociale-démocrate", alors que d'autres sources d'inspirations existent et sont nombreuses. Je n'en cite que deux là où il y aurait pléthore d'auteurs : L'économiste Charles Gide, a œuvré pour une économie sociale en son temps et l'anthropologue économiste Marshall Sahlins dans son ouvrage Age de pierre, âge d'abondance, nous apprend, aujourd'hui, qu'il n'y a pas de fatalité économique. Et je ne cite pas tous les économistes, sociologues, philosophes et historiens qui tiennent d'autres logiques par rapport à ce discours unique de mauvais intellectuels qui ne pensent que prix, marchés, compression de personnel et profits, avec ces 4 termes ils ont construit leur vie et leur vérité, les pauvres ! .

Je reviens à Hollande qui décidément me fout les boules : pas assez d'une ministre qui nous dit qu'on va mettre l'anglais obligatoire partout quand les Anglais ne disent pas qu'ils mettront le Français obligatoire chez eux, pas assez que nos gosses font à l'école des matières qui les mettent de plus en plus en échec mais maintenant on va les offrir en sacrifice aux patrons !!! C'est ça la compréhension de la recherche de productivité chez Hollande et ses sbires !

"M. Hollande a annoncé un programme sur l'entrepreneuriat "de la sixième à la terminale", en insistant sur l'intérêt de laisser les chefs d'entreprise accéder aux établissements scolaires pour attirer les jeunes dans l'entreprise."

Hollande touchez pas à nos gosses ! Laissez nos enfants grandir à leur rythme, jouer, se cultiver et apprendre les fondamentaux, arrêtez de vendre notre éducation et nos écoles à l'économique et aux patrons ! Hé président, vous savez ce que veux dire un programme pédagogique concerté ? Les socialistes ont participé allègrement au processus de Bologne et à la signature du traité de Nice qui ont désorganisé notre système d'enseignement et là, on va où avec vous ?
Je vais finir par regretter Chirac !!!


jeudi 25 avril 2013

Empathie... Vous avez dit Empathie ?

Hier je suivais distraitement du coin de l’œil l'émission de Yves Calvi sur  sur la chaine 5."Les nouveaux terrorismes" sur C dans l'air. 
Pierre Servent, un des invités, spécialiste des question de défense, tenta une explication de ces formes de terrorisme, en expliquant, qu'il y aurait selon Boris Cyrulnik une perte ou un manque d'empathie chez ces terroristes. L'empathie est un mot qui revient souvent en Anthropologie, et Boris Cyrulnik en donne une définition intéressante dans un de ses ouvrages co-écrit avec Edgar Morin :

"En tant qu'homme j'appartiens à la seule espèce vivante capable de me figurer les représentations de l'autre. Je suis alors contraint à partir à la découverte du monde mental de l'autre, de ses théories, de ses représentations et de ses émotions. Je suis donc forcé à ne pas vivre dans un seul monde – sinon je me transforme en dictateur – et si par malheur le pouvoir politique m'est accordé, je peux imposer ma vision du monde qui va détruire la société au nom d'une vision cohérente qui est la mienne. Ce qui signifie au fond que l'empathie propose peut-être la seule justification morale à être ensemble. Cette morale fondée sur le plaisir, le désir de découvrir des théories et les représentations des valeurs de l'autre s'oppose aux morales perverses."

J'ai failli me dire : tiens ils nous la ressortent celle-là ! Ben oui dans les études d'ethnologie et de sciences sociales c'est la tarte à la crème dès la 1ère année ! Chez les mystiques aussi !

L'empathie serait cette capacité à ressentir ce que ressent l'Autre, à percevoir la façon dont il se représente le monde. Jusque là tout va bien, sauf que Boris Cyrulnik en parle comme d'une morale, c'est à dire une éthique (une utopie ici ?) qui serait "normale", mais il ne nous dit pas comment elle se développe ou s'apprend. Dans les faits, peu ou prou de personne éprouvent de l'empathie avec d'autres personnes et encore moins si ces Autres sont très éloignés de nous par leur culture (maghrébins ?), leur statut (pauvres riches ?), leur genre (femmes, homosexuels et trans ?), leur taille (nains, gros, géants ?), leur âge (enfant ou vieux ?), leur apparence physique (laid, paralysée, amputée, difforme ?), etc.

Pour avoir réalisé de nombreux terrains de recherche en France et à l'étranger, cette question de l'empathie me semble être quelque peu du préchi précha, genre "I Love you" dans les séries américaines ou encore dans les réunions des alcooliques anonymes. Pourquoi devrions-nous aimer tout le monde ? Pourquoi nous mettre à la place des autres ? Vous aimez votre percepteur vous ? Ou encore le policier qui vous met une contravention ? Ou le type qui a violé votre fille ou votre femme et qui l'a découpé après ? Ou encore ce sale con de prof qui vous fait toujours la morale en se croyant au-dessus de vous ? Pas sûr !

L'empathie évoque une relation, une mise en situation, aller avec l'Autre, le ressentir, le comprendre, percevoir ses ennuis et sa souffrance... Oui mais une relation ça se construit et ça prend du temps comme l'explique Le renard au Petit Prince. Peu importe l'Autre, rien ne m'oblige à le fréquenter ou l'apprécier ou mieux l'aimer...  

Mais si Je choisis d'entrer en relation avec l'Autre, avec la volonté bien accrochée d'avoir une vraie relation d'égalité, de respect, d'échange, d'amour, que peut-être, même le droit ne peut créer totalement, alors il faudra prendre le "risque" de construire cette relation comme nous l'avons montré avec mes collègues sociologues à partir d'un travail sur les marins de la marine nationale. L'empathie n'est pas donnée à priori, elle s'éprouve, se met à l'épreuve, car il s'agit de construire un espace sémantique commun à Je (moi) et Nous (les autres), et non pas rester sur des positions personnelles en attendant que l'Autre fasse le chemin vers moi....

Dans le cas des terroristes, si ces gens là n'ont pas envie de se reconnaître dans les autres et d'échanger avec eux, pourquoi devraient-ils le faire, ou quel principe supérieur motiverait leur démarche vers les autres ? Plus encore, si le terroriste dénie toute humanité à l'autre, en face, cette humanité que lui prétend détenir, alors il peut même le supprimer sans en être ému, pourquoi pas ? Dans ce dernier cas, dans la tête du terroriste, ce ne sont pas un ou des hommes qu'il aura abattu, mais "quelque chose" qui le gênait ou le menaçait, lui et ceux qui sont comme lui. Bien entendu, cela peut être accentué en situation de déclassement social, de migration, etc.

Mais hélas, les terroristes idéologiques ne sont pas les seuls à manquer d'empathie : les riches manquent d'empathie pour les pauvres, les hétéros pour les homos, les parents pour les enfants, etc., à l'heure où j'écris, un homme vient d'abattre sans raisons, plusieurs personnes à Istres dans les Bouches du Rhône, il semblait "tout à fait normal" selon les dires des voisins...



dimanche 14 avril 2013

Luc Arbogast, un homme passe... The Voice sur TF1…


Les anthropologues et les sociologues sont friands de tout ce qui concerne leur société et d'autres plus exotiques, toutes les manifestations culturelles des hommes et les émissions télévisées ne font pas exception. Je regarde souvent la télévision qui renvoie des images de notre société dans différents domaines de la réalité. Mes goûts musicaux sont très divers, pouvant aller de la musique lyrique vers le hard rock et le punk, en passant par le blues, gospel, la country, le reggae, la musique Batak et bien d’autres encore : en fait, je n’ai aucun goût, je les ai tous, en fonction de mes humeurs, des lieux, des situations vécues et des gens avec qui je suis, le feulement des fauves et le chant des baleines m’émeut aussi bien que le rire du Kookabarra ! J’ai suivi l’émission The Voice sur TF1, un show populaire aux heures de grande écoute. J’ai entendu de « jolies voix sympas et agréables » mais, seul un chanteur a vraiment bouleversé les spectateurs : il s’agit de Luc Arbogast. 

Ce grand gaillard à l'allure médiévale a touché les coeurs du jury et du public dès sa première apparition sur le plateau de The Voice avec une chanson Cancion Sefaradi que personne n'attendait ou même ne connaissait. Lors de sa deuxième venue, en duel et duo, c'est Mad World " de Tears for Fears qu'interprétaient Thomas Vaccari et Luc Arbogast. Hier soir, pour sa dernière prestation dans l'émission, Luc Arbogast s'est produit sur scène avec un grand titre du répertoire classique, « L'adagio» de Albinoni. A chaque apparition le public a écouté religieusement cette voix "étonnante", "envoutante", "la voix des anges", "une voix de martien", "qui donne la chair de poule", etc., pour ne citer que quelques expressions relevées au cours de cette émission, par les uns ou les autres, ou encore dans les commentaires sur You Tube à propos de Luc.

Les réactions du public (et des coachs de TF1), varié et populaire, à cette heure de grande écoute, m'ont interpellées. D’une part, on peut constater que les gens même sans être mélomanes peuvent percevoir et apprécier d’autres musiques que celles que les grandes chaînes de télévisions veulent leur faire avaler mais également que le sacré est toujours présent dans nos sociétés caractérisé par les termes fascinans et tremandum pour reprendre Rudof Otto. La qualité, l'extraordinaire et le sacré se sont manifestés par la voix de Luc Arbogast, les spectateurs l’ont ressenti et reconnu immédiatement.

Si le sacré a reculé dans les sociétés modernes avec la mise à distance des grandes religions, il n'a pas disparu pour autant*. Il prend des formes multiples et va se glisser jusque dans les émissions (ici The Voice) et les festivals les plus populaires, comme le festival de Cannes qui voient les artistes déifiés monter les marches de l'Olympe sous les regards et les hourras des badauds. Instinctivement, dès les premières notes de Luc Arbogast, le public a reconnu la puissance et le mystère du sacré se manifestant à travers ce contre-ténor. Immédiatement le chanteur plongeait son auditoire dans les racines obscures et le mystère de leur passé médiéval, dans le paradoxe d’un homme chantant sur des gammes étendues, des graves vers les aigus, une  voix de femme, ou devrais-je dire, sans sexe comme les anges, un look de troubadour « baraqué » pour une « voix sacrée… une sacrée voix » !
Merci à toi Luc, tu as fait la démonstration que le peuple pouvait aimer autre chose que la variété et la médiocrité même aux heures de « primes time ». Merci Luc pour les émotions que tu as suscité en nous…

Bon vent Luc Arbogast, longue vie et salut l’Artiste ! 


*Serge Dufoulon., "L’ésotérisme à l’ombre des grandes religions", in Cerveau & Psycho n°21, Paris, mai, 2007