Les habitants des quartiers nord de Marseille ont
manifestés. On a pu les voir sur les chaînes de télévisions nationales et
régionales, et les journaux
ont également relaté cet évènement, avec pour certains, de plus ou moins bonnes
analyses, mais pour une fois les quartiers étaient mis en lumière par autre
chose qu'un crime de plus d'un jeune dealer, une demande d’espoir et de vie.
Je ne voudrais pas être un oiseau de mauvais
augure, mais cette belle union contre la violence et pour le secours des jeunes
n'aura pas beaucoup d'effet, sauf à procurer aux journalistes quelques
évènements à commenter ; aux chercheurs, économistes
et sociologues de tous poils un objet de recherche et quelques crédits pour
leur travaux afin de prononcer des certitudes et des poncifs à partir de
quelques vérités enrobées dans un langage abscons, montrant l'étendue de leur
savoir, et enfin aux politiques, quelque chose à dire et à promettre pour la
prochaine campagne électorale. Quant aux mamans, je suis désolé de le dire,
elles pleureront encore leurs fils et leurs filles perdues... Il est vrai qu'on
parle peu de la délinquance des filles de quartier... et pourtant elle existe
bel et bien. De nombreux organismes et d’observatoires (sur la drogue, la
délinquance, les jeunes, etc.) existent et tentent de comprendre la délinquance
dans les cités, chacun devenu propriétaire et commentateur de sa propre analyse
et de ses arguments. On ne compte pas non plus les nombreuses associations qui
travaillent sur les quartiers. Dans tous les cas, les résultats ne sont pas à
la hauteur des attentes des citoyens qui en ont assez de payer pour les
quartiers et n’imaginent que flics et militaires pour régler ces questions…
quand d’autres se tournent de plus en plus vers les extrêmes politiques.
Si l'on veut des résultats dans les quartiers
défavorisés en matière de réduction de la violence et de la criminalité, encore
faudrait-il analyser les causes sans aucune complaisance, en sortant des idées
reçues et y mettre les moyens en termes de réponses adaptées quant à
l'éducation et la répression. Mais on ne me fera pas croire que ces jeunes
délinquants et leurs famille ne sont que des victimes : les mamans continueront
de pleurer leurs enfants longtemps encore...
Pour comprendre ce qui se passe dans les
quartiers défavorisés, on ne peut prendre un seul axe d'analyse, soit :
l'immigration et l'intégration, comme facteurs principaux, ou encore les thèses
concernant les
facteurs sociaux d'inégalités, l'éducation, etc. Il est vrai que les
populations des banlieues sont composées en grande partie de familles
d'origines étrangères mais beaucoup sont aussi français. On peut y ajouter les
problèmes liés à la structure des familles dont une grande partie est
monoparentales avec des mamans qui ne peuvent "tenir leurs enfants",
des pères absents, et des revenus par foyer très faibles, si ce n'est inexistants.
Une pincée également de manque d'éducation des parents, souvent même de la
langue française ce qui crée encore un fossé avec leurs enfants. On pourrait
ajouter de nombreux facteurs de délinquance encore, bien entendu, tels que actes
de délinquance réalisés à l'intention de leur pairs afin de prouver par
quelques rites de passages qu'il sont "des hommes", mixité de genre
et sociale absente dans les banlieues, misère sexuelle, etc. Les réflexions et les travaux de qualité sont nombreux en la matière.
D’abord, il faut dire que tous les jeunes de banlieues ne deviennent pas des délinquants et des criminels (de ceux là on parle peu !).
D’abord, il faut dire que tous les jeunes de banlieues ne deviennent pas des délinquants et des criminels (de ceux là on parle peu !).
Contrairement aux idées reçues, les jeunes de
banlieues sont bien intégrés ! Non je ne plaisante pas ! Ils mettent en œuvre
des principes capitalistiques dans leurs trafics
de toutes sortes (drogue, armes, pièces détachées, détournements de prestations
sociales, etc.). Dans la plupart des trafics, les voyous achètent en gros et
revendent au détail sauf qu'ils se positionnent sur des marchés illégaux ou
parallèles. En matière de détournement de prestations sociales, ils mobilisent
des trésors d'ingéniosité afin de toucher indument pensions et
prestations et tout cela sera réinvesti dans d'autres types d'activités,
légales ou non. Ils ont le sens de la hiérarchie dans le travail, de la
promotion et de la réussite sociale : ils sont d'abord guetteurs, puis petits
revendeurs, puis gros dealers, etc. De véritables entrepreneurs nos jeunes, et
ils savent même éliminer la concurrence, un peu violemment il est vrai, quand
elle devient gênante.
Lorsque j'étais Maître Auxiliaire au LP La
Floride dans les quartiers Nord de Marseille, mon principal me disait : "Vous
savez, nos élèves ne sont pas du tout les imbéciles que la plupart des gens
croient qu'ils sont, ils ont très bien compris le système et pour certains, ils
gagnent mieux leur vie qu'un enseignant moyen !" Effectivement,
lorsque je répondais en classe aux élèves qui me demandaient combien de temps
j'avais consacré aux études et pour quel salaire (1600 euros), la plupart
éclataient de rire et certains d'ajouter condescendants : " En une
semaine on fait mieux que vous monsieur et sans avoir fait d'études."
Et oui, là encore, le fait que les jeunes de banlieues deviennent des
délinquants parce que le chômage augmente est à relativiser grandement : je n'ai
pas vu beaucoup de jeunes entre 14 ans et 20 ans en banlieues avoir envie de
travailler, je dis pas beaucoup, je ne dis pas tous mais il faut le dire...
Comment la République peut-elle reprendre la main
en Banlieue pour les enfants à venir et pour ceux qui sont en voie de
délinquance ?
Il est toujours temps de se bouger si les politiques et les habitants le souhaitent vraiment ?
Il est toujours temps de se bouger si les politiques et les habitants le souhaitent vraiment ?
- Peut-être réfléchir à la légalisation du
cannabis, cela ferait cesser une grande partie du trafic en banlieues,
- Re-donner de la confiance et des moyens
aux éducateurs et aux associations sur les quartiers : Sarkozy a fait pas
mal de dégâts en la matière,
- Avoir des classes de 10 élèves pas plus dans
les écoles primaires, les collèges et les lycées qui reçoivent des enfants de
banlieues ou dédoubler les enseignants dans les classes.
- Mettre en place des programmes culturels
(musées, opéras, théâtre, etc.) dans les écoles dès la prime enfance.
- Enseigner différemment en permettant à ces
enfants de s'exprimer mais en canalisant leur énergie : ici les enseignants
doivent être triés sur le volet pour leur compétences, leur connaissance
d'autres méthodes qui pourraient aider (Freinet, Montessori, etc.), leur
compréhension des situations. Ils doivent aussi pouvoir être rémunérés en
conséquence, et soutenu par leur hiérarchie et ne pas passer leur temps à lutter
contre les enfants, les familles, la hiérarchie et chercher les moyens de leurs
actions.
- Ecole et famille doivent être en lien en
permanence. Si un élève est estimé "décrochant" ou en
"danger", sans perdre de temps il faut aller voir ce qui se passe dans les familles
et au besoin y envoyer une assistante sociale pour tenter d'aider ces familles
qui pourraient être fragilisées par les aléas de la vie : ici un
accompagnement personnalisé doit être mis en place.
- Développer l'apprentissage dès les 14 ans pour
les jeunes et les familles qui le souhaiteraient avec un suivi de l'éducation
nationale.
- Police de proximité respectueuse mais non complaisante,
- Moyens donnés aux services publics (police,
douanes, fisc, etc.) pour vérifier que les trains de vie des gens soient en
adéquation avec leur revenus légaux.
- Délocaliser géographiquement les jeunes
délinquants, y compris, vers les territoires d'Outre-Mer, l'Europe ou
l'étranger, pour des travaux d'intérêt général avec un programme de formation
suivi.
- Eviter la diplômation de la prison en matière
de banditisme pour le jeune qui y entre, avec interdiction de résidence ou de présence dans son quartier d'origine à la sortie après sa peine.
- Formation réelle des jeunes en prison.
- Permettre aux habitants des cités de devenir
propriétaires, afin de prendre soin de leurs immeubles et leur environnement,
etc.
- Services publics présents et renforcés dans les
banlieues avec des procédures administratives allégées pour : apprentissage,
stages, emploi, prestations sociales, travailleurs sociaux, police, poste, etc.
Ce ne sont que quelques exemples non exhaustifs
de ce qui pourrait être réalisé dans les banlieues, dans différentes directions
et à la fois. Encore faut-il une vraie volonté politique et aussi que les
parents aient réellement envie que leurs enfants réussissent légalement dans la
vie...
L’État,
les partis politiques comme les parents sont très souvent complaisants et complices passifs de la
mauvaise éducation et de l'assassinat de leurs enfants... Que de larmes encore pour ses familles...
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