Qui êtes-vous ?

Ma photo
Professeur des universités à l'Université Pierre Mendes-France, Grenoble II. Enseignant-Chercheur en Sociologie et Sciences Sociales diplômé de l'Université Lumière Lyon II. Diplômé (HDR) de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris. Une grande partie des études réalisées à l'Université de Provence d'Aix en Provence. Collaboration avec "Cabinet Chrysippe, R&D en sciences humaines et sociales (www.chrysippe.org)

dimanche 7 avril 2013

La semaine des députés durables et renouvelables : Cahuzac revient !




Les élus politiques se sont mis depuis longtemps à la mode du développement durable et des énergies renouvelables dont c’est la semaine européenne.

Une fois élu, il faut durer… Il y a dans cette assertion quelque chose qui ne colle pas ! Un élu est, par définition, soumis à un suffrage et à une mandature : et oui c’est le suffrage qui est durable et renouvelable pas l’élu faudrait pas l'oublier. L’affaire Cahuzac est un bon prétexte pour réfléchir sur notre système démocratique et la place des élus.

En fait Jérôme, peuchère, il a fait comme les autres, c’est ce qui se dit à propos des révélations sur "OffshoreLeaks" concernant l’évasion fiscale mondiale ! 

Je ne peux m’empêcher de songer que les systèmes politiques modernes semblent encourager les instincts les plus bas chez nos élus, nos leaders, nos élites industrielles, intellectuelles, etc. Ben après tout, une petite jouissance immédiate de la position acquise de haute lutte c’est bien mérité non ? A quoi bon être élu si on ne peut s’envoyer en l’air et avoir quelques privilèges sans que des citoyens ordinaires viennent faire chier ! 

Je ne prendrais pas la piste de la réflexion sur "désir, société et démocratie" aujourd'hui, mais sur Mediapart Michel Koutouzis explique que le capitalisme et la nouvelle « culture de l’instant » sont responsables en grande partie du pillage auquel se livrent les puissants au détriment des plus faibles et des plus pauvres, faut bien que certains paient quand d'autres s’engraissent. L’économiste et anthropologue Paul Jorion se demande dans Le Monde « Comment sortir de cette crise qui accroît le fossé entre le peuple et les élites ? »

Pour un anthropologue, cher collègue, les réponses sont multiples : l’étude des cultures exotiques nous enseigne qu’il y a de multiples formes de systèmes politiques et par un « Détour » comme le fait Georges Balandier, dans son ouvrage du même nom, on pourrait comparer notre modernité à l’aune de ces cultures traditionnelles. Penser aux élus, à leur rôle et à leurs privilèges est fondamental pour la démocratie et pourquoi alors ne pas lire ou relire le très beau livre de Claude Levi Strauss Tristes Tropiques, dans lequel il montre comment chez les Nambikwara le chef est au service de sa tribu et ne possède rien, pour ne pas dire qu’il est le dernier servi. Pierre Clastres a posé aussi ces questions de l’organisation politique des sociétés dans un ouvrage célèbre La Société contre l'État.

Vous imaginez la gueule des élus s'ils étaient tirés au sort comme les jurés d'assises et juste défrayés de leurs frais et de leur salaire ou revenus d'activité laissés en suspens ? En plus s'ils n'étaient pas d'accord pour assumer la charge, on les pénaliserait ! Il y aurait certes moins de monde au portillon, sympa non ?

Pourquoi faire croire aux gens que notre système démocratique est le moins pire ! Notre système de représentation politique et la place de nos élites ne sont pas issus de droit divin comme on voudrait le croire et ne sont pas uniques et éternels. 
Tous ces émois et ces cris sur la « démocratie en danger » à cause du pauvre Jérôme Cahuzac… C’est le faire payer hypocritement par peur que les gens avec un peu d’imagination et beaucoup de ras le bol commencent à s’organiser sans les élus professionnels incompétents à régler les problèmes de la cité et du pays… J’ai vu que certains préféraient d’ailleurs de la démocratie directe, pas loin de chez nous, et il semble que ça fonctionne pas mal…

 


2 commentaires:

  1. a propos de démocratie directe et de marinaleda, un reportage tout récent passé sur france 2 il y a 2 semaines, pas mal foutu en plus, pour mieux connaitre cette "terre d'utopie" :
    http://www.dailymotion.com/video/xyfi3r_13h15-le-samedi-france-2-les-nouvelles-utopies-2_news

    RépondreSupprimer
  2. Pendant qu'en France on bâti un extraordinaire plan de communication autour d'une présidence "normale", voilà que l’Uruguay fournit l'exemple d'un homme qui devient extraordinaire parce qu'il est président tout en restant justement assez normal !
    http://www.rue89.com/2013/01/22/voici-les-cinq-qualites-pour-faire-un-president-de-legende-238687

    RépondreSupprimer